En ce week-end du 25 26 juin se tenait le tant attendu championnat de France des moins de douze et quatorze ans !
Deux jeunes de l’US Cagnes avaient brillamment obtenu leurs places lors de la compétition régionale, j’ai nommé les talentueux Mélia et Timéo. L’ennui étant que, cette année, la compétition se déroulait à Troyes, 800 kilomètres au nord de notre belle côte d’azur et que par conséquent nous avons tous rendez-vous vendredi matin pour une journée qui s’annonce longuette. Nous sommes sept prêts au départ. Les plus nombreux, la famille Caussette au complet avec Esteban, le grand frère, venu soutenir son cadet Timéo, Mélia accompagnée de sa maman Marie, et moi-même. Il est environ neuf heures et après un ultime café nous nous installons dans le mini-bus loué au comité territorial puis prenons patience jusqu’à l’agglomération Troyennes.
Ici, c’est une ville agréable qui nous accueille et pour nous dégourdir les jambes nous allons faire un peu de tourisme dans le centre de cette modeste citée. Nous déambulons dans son centre piéton, nous nous rendons dans « la ruelle des chats », une des curiosités de la ville avec ses façades « penchées » loin de la perfection architecturale du 21ème siècle. Durant une heure nous foulons les pavés, nous rendons visite à la basilique, à la cathédrale et arpentons les rues à la recherche des bâtisses les plus tordues qui soit avant d’aller s’assoir en terrasse d’un café déguster cocktails et charcuteries. Plus tard, la nuit commençant à s’installer, nous nous en allons retrouver notre hôtel ainsi que nos chambres respectives pour une nuit que nous espérons optimale.
Au réveil nos deux jeunes sont souriants mais Mélia semble avoir eu du mal à s’endormir. Après les trois petites minutes de route nécessaires pour nous rendre sur le lieu de la compétition, la tension monte d’un cran lorsque nous franchissons les portes du CIME, un complexe surdimensionné dédié à l’escalade. Aujourd’hui le programme est différent pour nos deux sportifs. Mélia fera de la « difficulté » toute la journée soit cinq voies où la complexité va croissante jusqu’à la numéro trois avant de redescendre légèrement en intensité pendant que Timéo commencera par le bloc qui sont au nombre de neuf puis, dans l’après-midi, il s’adonnera à la vitesse, probablement son point fort. En ce qui concerne cette dernière, les compétiteurs disposent de quatre essais pour exploser les chronos.
En ayant le dossard numéro quatre c’est sans surprise Mélia qui ouvre le bal. La première voie ne pose pas de problème, elle grimpe vite et tope avec aisance. Les choses sérieuses commencent dans la voie 2, après une succession de bacs dans les premiers mètres un premier « croisé » délicat attend les différentes candidates. Mélia, margeuse, passe puis déroule jusqu’à la section finale dans laquelle elle s’emploie un peu pour assurer un nouveau top. Pas de doute, elle est au rendez-vous et sa compèt ne pouvait pas mieux commencer.
Pour Timéo, et malgré avoir réussi le bloc 4 au deuxième essai, les choses sont plus délicates. Une succession de « zippettes » sur la prise finale du bloc 3 lui mettent le moral dans les chaussettes. Il réussira tout de même le bloc 1 et 2 au premier essai mais butera dans un bloc 5 tout en équilibre ainsi que dans le bloc 6 plutôt physique, pour se consoler il attrape tout de même la prise de zone dans ces deux blocs. Le temps lui fait défaut et il ne parviendra pas à mettre de run dans le bloc 7 où il semblait possible d’atteindre la zone. Timéo est déçu par sa prestation, il pensait pouvoir faire mieux mais que voulez-vous, on ne réécrit pas l’histoire. En bon jeune contrarié il fait la moue. Nous tentons de lui faire comprendre qu’il n’est plus possible d’agir sur le passé mais qu’il est tout à fait envisageable de le faire sur le futur et que la meilleure des choses à faire est bien de rester positif.
Pendant ce temps Mélia attaque sa voie 3, la plus dure du circuit. Celle-ci est très impressionnante, en plein centre du mur et très déversante. Un premier mouvement dynamique agrémente le début du parcours, Mélia monte les pieds et se joue de cette première difficulté, la suite est un enchaînement de mouvements athlétiques, elle en enchaîne quelques-uns avant de zipper à mi-voie sans doute un peu pétée du biceps. La voie 4 est originale, les ouvreurs nous ont offert un sensationnel jeté situé environ au deux tiers de la longueur. Après ses dix-huit minutes de repos réglementaire elle s’élance. Mélia nous fait un peu peur dans le départ, car malgré un minutieux repérage, elle se fourvoie un peu les méthodes ce qui provoque quelques mouvements parasites et augmente fortement la fatigue. Malgré cela elle se hisse jusqu’au pied du jeté, malheureusement elle chutera juste avant la mise en place de ce dernier.
Mélia est au pied de sa dernière voie. Celle-ci est quasi verticale avec une section finale sur petites prises, un profil qui convient parfaitement à notre jeune prodige. Mélia se lance, gravit les premiers mètres, passe une section délicate sur des volumes puis s’élève encore jusqu’à se retrouver les doigts sur les micro prises qui marquent la section finale. Pleine de résistance elle avance jusqu’à toucher l’avant dernière prise où elle choit. Elle signe là un superbe run qui clôture un très beau parcours de diff. Le classement parlera de lui-même, Mélia termine 17 ème de cette épreuve, une sacrée performance ! Bravo !
Il est quatorze heures et Timéo a rendez vous avec la spectaculaire épreuve de vitesse dans laquelle il a placé beaucoup d’espoir. Ici il n’y a guère de place pour la stratégie ou la tactique, l’explosivité est le maître mot. Dès son premier essai Timéo nous montre ses qualités et s’offre un chrono de 6,8 seconde. Sa troisième tentative sera la meilleure avec un petit dixième de seconde gagné sur son premier run. Au classement, il se hisse au très honorable 18 ème rang et même si, dans l’ensemble, il reste sceptique et déçu, Timéo rattrape sa « contre performance » de la matinée. Pour nos deux sportifs les efforts sont terminés et après s’être pris en photo accompagnés de Monsieur Bassa Mawem nous nous en allons trouver un repos mérité.
Le lendemain les programmes sont inversés. Dans la matinée Mélia devra ardemment défendre ses chances dans l’épreuve de bloc et conclura sa compétition par la vitesse qui se déroulera l’après-midi. De son côté, Timéo s’attèlera à la difficulté. Honneur aux dames. Mélia commence sur les chapeaux de roues. Elle s’offre au deuxième essai le bloc 3. La coordination du bloc 4 ne lui pose aucun problème mais le mouvement suivant où il faut rester solide du triceps la fait chuter à trois reprises et elle abandonne provisoirement ce bloc. Le numéro un et deux sont une formalité. Dans le bloc cinq, tout en équilibre, Mélia nous montre s’il en était besoin une de ses principales qualités, la finesse de son placement. Malheureusement le dernier mouvement lui résiste jusqu’au cinquième essai où elle ramène enfin sur la prise finale. Retour au bloc quatre où, cette fois, Mélia reste haut sur ses appuis et tope ce bloc. Il reste le numéro sept dans lequel elle attrape la prise de zone sans histoire mais la prise finale semble hors de portée tout comme le bloc huit et neuf. Reste le six qui parait lui aussi compliqué mais Mélia est surprenante et nous étonne dans le premier mouvement dynamique. Cependant il lui en manquera un peu pour valider la zone. Encore une fois le classement parle, elle prend la 18ème place et peut être fière.
Dans la foulée c’est Timéo qui attaque sa première voie de diff avec un visage fermé et une tension palpable. Malgré la pression, il reste propre, appliqué et ne bronche pas d’un iota. Dans la deuxième il fait sensiblement la même chose, il récite les méthodes apprises et s’en va toper sans difficulté. Les choses très sérieuse commencent dans la voie trois, la fameuse en plein centre et en plein dans le penché mais Timeo, nous le savons, est un garçon athlétique. Il se présente dans le premier mouvement aléatoire et n’en fait qu’une bouchée, cale le gros talon nécessaire au mouvement suivant puis avance comme un pro. Bien sûr la voie est usante et il finit par chuter mais sa belle prestation ne fait aucun doute. Timéo sait qu’il vient réaliser une jolie montée et retrouve son sourire perdu la veille. Dans la voie quatre, je l’avoue maintenant, j’avais assez peur d’une chute prématurée dans la première section dure mais notre athlète qui a retrouvé toute sa superbe grimpe avec une étonnante facilité jusqu’au fameux jeté où il se met à peine en place et s’élance vigoureusement, il attrape le bac puis gère le fort ballant, gratte une prise puis touche la suivante avant de tomber. Là encore Timéo a fait le job. Bravo ! Reste la voie cinq, le dernier effort du week-end, la dernière bataille dans laquelle il faut jeter ses dernières forces. Les placements fineaux du début ne le perturbent pas, il s’applique, passe lui aussi la section sur les volumes et à l’instar de Mélia et se retrouve dans les petites réglettes marquant les derniers mouvements. Bien que fatigué Timéo donne l’impression d’avoir encore de la ressource et au pied de la voie nous nous mettons à penser qu’il peut le faire. Dans un ultime effort il attrape l’avant-dernière prise puis, malheureusement, chute. Mais quel run ! En bas nous sommes simplement heureux, Timéo tu nous as fait vibrer ! Merci ! Il se hisse au 23 ème rang et au vu de la concurrence, ceci est une sacrée prestation !
C’est au tour de Mélia de clôturer sa compétition avec l’épreuve de vitesse. Ici pas de grande ambition et donc pas de stress, uniquement du plaisir. Elle se montre d’une surprenante régularité lors de ses trois premieres montées où elle réalise à chaque fois 9,7 secondes, la différence se faisant uniquement dans les centièmes. Le dernier chrono est un peu moins bon mais nous en avons cure. Mélia prend la 43 ème place de la discipline certes loin des cadors mais avec le sourire et là est bien l’essentiel.
Au classement général nous n’avons pas à rougir de nos jeunes Cagnois. Timéo s’octroie la 31ème place et Mélia la 28ème. Tout deux finissent dans la première moitié du tableau en ayant tous les deux péché dans une des disciplines ce qui laisse entrevoir une progression certaine. De plus, l’objectif (qui aurait paru lunaire il y a quelques mois) fixé en début de week-end est atteint. Bravo les jeunes vous avez été brillants ! Vous avez réussi à élever votre niveau, vous avez su vous dépasser et à donner le meilleur de vous-même. Vous nous avez vendu du rêve quoi ! Dans le jargon propre à l’escalade on dirait simplement que vous êtes des machines ! Je vous remercie pour ce séjour haut en couleur où vos parents et moi-même avons stressé et vibré peut-être autant que vous. Merci à Esteban aussi pour ses conseils et son agréable compagnie. C’était à tous notre premier championnat de France et nous avons tous beaucoup appris. Nous reviendrons plus fort l’an prochain et même si vous ferez partis des plus jeunes de votre future catégorie n’ayez crainte car, comme ma grand-mère aime à le répéter, » Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années ».