Stage jeunes aux dentelles de Montmirail : une bonne cuvée

Lignes de crêtes sorties de terre au milieu des collines viticoles au nord de Carpentras, les dentelles de Montmirail offrent un paysage atypique et un grand nombre de secteurs de grimpe. Cela faisait plusieurs années que l’idée d’aller y faire un tour avec les jeunes du club me trottait dans la tête. Ils n’étaient pas très nombreux cette année à répondre présents pour le fameux stage des vacances de Pâques. 13 jeunes ont choisi de participer, plutôt dans la tranche d’âge basse, excepté Clément, la plupart faisant partie du groupe mini comp. Des jeunes plutôt aguerris en salle donc, mais dont les aptitudes en falaise demandent encore beaucoup de développement. A ce petit groupe se sont ajoutées Prune et Lilas, les deux soeurs de Rose, ainsi que leurs parents qui dormaient dans leur tout nouveau camping car à côté de nous au camping. François, Dona et Toni m’accompagnaient pour m’aider à la logistique.

Jour 1

Le lundi matin, à 9h, j’étais déjà au camping municipal de Beaumes-de-Venise avec la famille Souris. J’étais en effet la veille à la Sainte Victoire avec un groupe d’adultes du club et j’avais souhaiter éviter les allers et retours inutiles. Mon Kangoo déchargé, on commençait à monter un partie du campement, notamment le barnum et la grande tente du club tandis qu’à Cagnes, Dona récupérait les courses et passait au garage chercher une dernière caisse de matériel avant d’arriver à Sauvaigo où les familles avaient rendez-vous. Cécile était également présente pour gérer la location du minibus du hand et donner les clés à François pilote du stage. La partie de Tetris terminée pour faire rentrer toutes les affaires des jeunes dans les différents véhicules, un dernier bisou aux parents et voilà nos valeureux grimpeurs en route pour un trajet d’un peu moins de 3h.

Il est midi presque pile lorsque le convoi débarque au camping. La trajet était un peu long et il est temps de s’activer. Les enfants débarquent leurs affaires et commencent à monter leurs tentes avec l’aide des adultes présents. Une bonne heure plus tard, nous étions tous attablés à déguster un pique-nique bien mérité avant de préparer les affaires de grimpe et aller toucher du caillou pour la suite de la journée.

Une petite erreur de trajet plus tard, nous découvrons que le parking visé est dorénavant fermé, ce qui nous impose une marche d’approche un peu plus conséquente que prévue. Qu’à cela ne tienne, les jeunes ont de la ressource et la distribution du matériel effectuée, nous voilà à l’ascension du col du Cayron, étape principale avant le rocher école que nous visons. Lorsque nous arrivons au pied de la falaise, nous ne sommes pas seuls. Un gros groupe d’adultes est déjà sur place et nous devons aller à l’extrême gauche de la falaise pour nous trouver un coin libre. En revanche, les voies ont l’air superbes, avec de belles envolées dans le 5 principalement, avec quelques voies en 4. Les premiers se préparent alors que je réexplique la manip de haut de voie à ceux qui ont besoin de la réécouter.

Très vite, les moulinettes sont installées, et les grimpeurs enchainent les longueurs. Face à nous, la face nord de la chaîne de Gigondas nous fait des clins d’oeil et ses pics élancés attisent ma curiosité : on ira y grimper dans la semaine. Mais pour l’heure, c’est surtout l’idée d’apprivoiser le type du caillou, de se remettre à l’aise sur les pieds parce que ça ne va pas beaucoup déverser ! Quelques heures s’écoulent avant qu’il ne soit temps de rentrer au camp.

Le temps de faire la marche retour et le trajet en voiture et il est déjà tard. Les jeunes filent sous la douche tandis que les adultes s’attellent à préparer le repas. Au menu : pâtes bolo ! La régalade pour tout le monde avant d’aller se coucher avec pour consigne de se lever à 8h au plus tard le lendemain.

Jour 2

La nuit n’est pas trop froide et les enfants se réveillent assez facilement. Le petit déjeuner est englouti et la routine de la confection du sandwich est facile à mettre en place puisque bon nombre de jeunes ont déjà participé à un stage.
Comme je ne suis pas complètement sûr de la température, je choisis un coin où plusieurs secteurs aux orientations variées se cotoient, sur le bord est de la chaîne du Clapis. Arrivés au parking, on se rend compte qu’il fait plutôt frais : on va grimper au soleil. Direction donc le secteur « La tyrolienne », secteur intimiste sur une vire mais suffisament large et sécurisée pour ne pas se faire peur. Les voies ne sont pas très longues mais il y a de quoi faire pour la journée : 25 longueurs entre le 4c et le 6b. Avantage non négligeable également : je peux installer les moulinettes d’en haut, ce que je m’emploie à faire en arrivant pendant que les jeunes se préparent. Objectif volume ! Certains grimperont plus de 10 longueurs dans la journée, tantôt en moulinette, tantôt en tête.

Je profite de la pause repas pour aller explorer les environs, notamment la rivière qui coule un peu plus bas dans le vallon. Je découvre qu’on peut accéder facilement en quelques minutes à pied à une jolie cascade, en se garant un peu plus bas sur la route. Je range cette info pour la fin de journée et on repart de plus belle à l’escalade.
Les 6b de droite se voient enchaîner plusieurs fois alors que celui de gauche, avec un pas retors sur toutes petites prises résiste même à la tentative de Boris. Il est 15h lorsque nous plions bagage. Les jeunes ont bien grimpé nous envisageons de rentrer au camp un peu plus tôt que la veille ! Nous nous arrêtons cependant à l’endroit repéré et la troupe remonte joyeusement la rivière jusqu’à la cascade où je mets au défi les enfants de se baigner dans la petite vasque, leur promettant de leur faire la vaisselle le cas échéant. Stella, courageusement, montre l’exemple, suivie par Boris et Milo ! J’aurai 3 popottes en plus à laver ce soir…

De retour au camping, je suis assez étonné de voir que nous n’avons pas beaucoup à pousser les enfants pour qu’ils filent à la douche avant d’aller jouer sur l’aire de jeux. Pendant ce temps, les cuistos Toni et Dona nous préparent un poulet riz curry à faire saliver n’importe qui ! Le timing étant beaucoup mieux géré que la veille, cela nous laisse le temps de nous lancer dans notre première partie de l’indémodable Loup Garou jusqu’à l’extinction des feux à 22h.

Jour 3

Le troisième jour est celui où les enfants auront eu le plus de mal à se bouger le matin. Impossible de les faire monter dans les voitures avant 10h30. Peut-être que le ciel un peu couvert y est pour quelque chose. Justement, je profite de cette météo moins estivale pour nosu faire décourvrir la face sud de la chaîne du Clapis, au secteur de la dent d’Hadamard. Après s’être trompé une nouvelle fois de route et avoir visité un nouveau domaine viticole, nous arrivons sur le bon parking. La marche d’approche est raide et nous fait bien chauffer les cuisses, mais cela en vaut la chandelle. La vue depuis le pied du secteur est dégagée et la paroi magnifique avec un calcaire gris sombre étonnamment adhérent. Les cotations, en revanche, sont un peu plus élevées que la veille et il va falloir grimper dans le 6. Je profite d’une série de relais côte à côte pour grimper et installer 4 moulinettes dans 4 6a de 30 mètres. Les points sont assez éloignés et la section dure me fait grincer des dents. Boris, à ma droite, enchaîne en chauffe un autre 6a. L’engagement lui fait moins peur qu’à moi…
Encore une fois, on se retrouve avec un autre groupe sur la falaise qui squatte les voies les plus faciles et m’oblige à scinder mon groupe en deux. Heureusement que j’ai toute confiance dans les parents qui m’accompagnent pour les vérifications d’usage et la tenues des troupes.

Le temps de manger arrive rapidement, et avec lui le temps d’une petite exploration. Je monte à la brèche regarder le paysage puis parcours le secteur d’à côté pour trouver une voie pour Boris, pour qui le 6b n’est pas suffisant. Je l’envoie donc en tête dans une ligne qui a l’air très jolie, dans un mur très vertical à petites prises, en 6c/7a. Notre courageux falaisiste s’y engage à fond et parvient à grimper les 20 premiers mètres avant de buter sur une section peu évidente et de se prendre deux belles chutes. Je suis quitte pour aller installer la moulinette pour les autres.
Mélia se trouve là dans son élément et enchaîne avec une aisance redoutable la voie. Rose, derrière elle, chute quelques fois mais s’en sort très bien. Esteban galère sur un premier pas dur puis randonne la fin ! Bravo les jeunes.
Pendant ce temps, les voies en 6 ont été gravies à de multitples reprises et il est temps de rendre le calme à ce territoire. La marche de retour tape presque autant dans les pattes que l’aller, et nous sommes heureux de retrouver le confort relatif de notre campement.

Ce soir, c’est purée saucisses ! Et purée maison s’il-vous-plaît ! Et l’incontournable tour de Loup Garou, non sans avoir briefé les jeunes sur une matinée un peu plus efficace.

Jour 4

Le lendemain, les jeunes semblent en pleine forme. Ils se préparent rapidement et comme le soleil est de nouveau au rendez-vous, je tente une journée en face nord : secteur Aiguillette Lagarde, en face de là où on était le premier jour. Je préviens le groupe de prendre de quoi se couvrir et que la marche d’approche va être conséquente. Cette fois, on connait déjà le parking, on ne risque pas de se tromper et c’est de bonne heure que nous attaquons la marche du col du Cayron. Cette fois, nous sommes les premiers sur place et nous avons le choix des voies. Mon mode opératoire est rodé, je prends des cordes et j’installe un max de moulinettes en une montée. Aujourd’hui, le secteur est assez varié avec des voies entre 5a et 6b, et même un 3 qui traîne, idéal pour l’initiation en tête.

Et c’est parti pour le bal des ascensions ! Certaines longueurs font 30m et sont assez exigeantes. Quelques jeunes profitent des voies moins longues et moins dures pour s’entraîner à grimper en tête. avant que n’arrive la pause repas. Là encore, je profite pour aller explorer à la brèche voisine comment cela se passe en face sud. C’est moins intéressant mais je repère la fin d’une voie de 3 longueurs en face nord qui arrive dans un trou qui perce la paroi de part en part et permet un petit rappel en face sud. Je décide de tenter un truc : je grimpe en tête avec deux cordes de 80m les 3 longueurs et j’assure du haut 4 grimpeurs en même temps, 2 sur chaque corde. La voie est assez facile et ça ne devrait pas poser de problème à personne. Les premiers à tester sont Kristina, Maya, Stella et Clément et ça marche à merveille. Vient ensuite le tour de Romane, Mélia, Rose et Boris et enfin Léon, Esteban, Alaric et Milo, Romain ayant préféré rester sur le plancher des chèvres.

Cet après-midi ayant été bien rempli, nous voilà de retour au campement pour une dernière soirée. La tradition veut que nous commandions des pizzas et cela tombe bien car il y a une pizzeria juste à côté ! Rose et Maya viennent me donner un coup de main pour transporter la victuaille et nous voilà tous attablés dans la joie et la bonne humeur ! Nos estomacs bien remplis, les jeunes se dépêchent de préparer leurs affaires en vue du rangement du camp le lendemain matin et de se laver les dents pour profiter une dernière fois d’un Loup Garou endiablé. Comme ils ont été sages toute la durée du séjour et que même le gérant du camping les a félicités pour leur comportement, on fait un peu traîner la soirée avant la dernière nuit sous tente.

Jour 5

Le lendemain, c’est branle-bas de combat ! Il faut tout plier et tout rentrer dans les voitures. L’efficacité doit être au rendez-vous pour pouvoir profiter d’un petit temps de grimpe avant le retour. Comme les affaires ont été préparées en partie la veille, le démontage est assez rapide et c’est à 10h30 que nous sommes fins prêts à décoller. Pour notre dernière grimpe, j’ai choisi un peu plus au sud sur la route, à 45min, à Orgon, sur un secteur proche de l’autoroute et sans marche d’approche.

Nous débarquons au pied de la falaise à 11h45 et les jeunes commencent à manger pendant que j’installe les moulinettes. On a environ 2h30 d’escalade. Sur la gauche du secteur, des voies en 5 assez courtes, très bien pour la grimpe en tête. Sur la droite, ça se corse entre 6a et 6b. Je prends même le temps d’installer une ligne en 7a pour que les meilleurs puissent l’essayer. La motivation des enfants semblent intarissable et même au cinquième jour, ils ont encore la pêche et se donnent à fond dans les voies. Mais toute bonne chose à une fin et il est finalement temps de reprendre la route de Cagnes-sur-Mer

En conclusion de cet article, je tiens à remercier les parents présents sans qui cela n’aurait pas été aussi facile. Ils ont géré à merveille la logistique du campement, mais ont également été d’une aide précieuse à l’encadrement en escalade, me permettant de ne pas avoir à garder en permanence tout le groupe sous mon regard. Merci donc à François, Toni, Dona, Didier et Amandine.
Je dis un grand bravo aux jeunes qui se sont vraiment très bien comportés, au campement comme en falaise. Ce fut un réel plaisir comme chaque année, malgré la tension et la fatigue que procure de tels séjours. Vivement celui de l’an prochain !

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