Orpierre est un petit village des Hautes Alpes qui a la particularité d’avoir basé une bonne partie de son économie autour de l’escalade sur les falaises entourant le village. Presque tout est organisé autour la grimpe ! Camping, restauration, magasins, tout est fait pour mettre à l’aise le grimpeur. Et il faut dire que l’environnement est particulièrement attractif, avec un nombre incroyable de voies de toutes longueurs et tous niveaux.
Jour 1 : installation et révision
C’est avec 11 adultes du club que nous sommes donc partis jeudi matin pour notre classique stage grandes voies de l’Ascension. Nous débarquons au camping vers 12h et commençons à monter le camp. Il y a du monde en masse et c’est non sans difficulté que nous parvenons à nous installer sur un espace convenable. Quelques histoires de rallonge et d’électricité plus tard, les tentes et le barnum sont montés, nous avalons notre repas de midi et décidons d’aller grimper au secteur de 4 heures, là où il y a quelques petites grandes voies d’initiation dans un niveau très facile histoire que tout le monde se recale sur les manips.
Un court trajet en voiture et une petite marche d’approche plus loin, nous voilà au pied du secteur, pas encore complètement à l’ombre mais pas loin. Les cordées s’organisent, le matériel aussi et c’est parti pour des voies de 2 ou 3 longueurs avec descente en rappel. Tout le monde y met du sien et se concentre sur la gestion du relais et des cordes. L’escalade est vraiment facile, et on se promène avec Sébastien sur les différents relais pour surveiller et donner quelques explications supplémentaires.
Tout se passe bien, même si souvent l’hésitation est encore de mise. Qu’à cela ne tienne, nos stagiaires ont 4 jours pour devenir des experts !
Retour au camp pour la première soirée pâtes et bolognaise. Nous commençons à organiser le lendemain. Nous savons qu’il va faire chaud alors nous choisissons un secteur de grandes voies pas trop longues (l’Adrech), légèrement orienté à l’ouest pour avoir un peu d’ombre le matin. Pour éviter le monde et le soleil, nous choisissons un départ assez tôt : réveil 7h pour un départ 8h. La soirée défile tranquillement et tout le monde rejoint son duvet pour une nuit qu’on espère reposante.
Jour 2 : ça devient sérieux
Après un réveil plus ou moins douloureux, nous arrivons à tenir l’horaire prévu et nous voilà à 8h30 au pied des voies. Nous sommes les premiers et nous nous rendons compte que nous avons bien fait car rapidement, d’autres groupes nous rejoignent qui devront s’organiser derrière nous. Le ciel est couvert et ce n’est pas pour nous déplaire.
Cécile et Gautier s’élancent en premier dans « La rondeur des jours », 150m, 6b max. Jean-Luc est rapidement prêt également et attaque la première longueur en 6a de « Merci madame le maire », 150m, 6a max avec Xav et moi, suivis par Jean, Philippe et Laura.
Sandrine et Djé s’équipent tranquillement à gauche de nous dans « Cartable exquis » où il feront la première longueur avant de bifurquer dans « Massacre à la débroussailleuse », le tout pour une voie de 110m en 5b+ max.
Et Sébastien partira avec Hélène et Sandra dans « Merci monsieur le maire », 150m, 6a max.
Dès les premières longueurs, on se rend vite compte de 3 choses : c’est dalleux, les cotations piquent un peu (on n’a pas trop l’habitude du style), mais c’est très bien équipé (espacement rapproché quand c’est dur, relais chaînés…)
Ça tire rapidement aux dégaines, et Seb et moi on se dit que mettre les chaussons sera vite indispensable.
Djé et Sandrine, qui ont la voie la plus courte mais doivent tout de même gérer quelques embouteillages aux relais, sont les premiers à sortir au sommet. J’arrive quelques minutes derrière eux avec ma cordée et quelques suées épiques de Xav dans la dalle sommitale. Le soleil sort de derrière les nuages et commence à nous assommer. Chaque cordée sort à son rythme de ses voies et redescend dans le vallon voisin pour se mettre à l’ombre, à l’aide du rappel installé par la cordée Djé/Sandrine. Je reste au sommet histoire d’aider les derniers et rejoins le groupe où Cécile nous a choisi l’emplacement le moins confortable du monde pour manger.
Après un repos plus ou moins long, on décide d’aller explorer un autre secteur pour la suite de la journée. On se rend donc au pied de l’Ascle, un beau pilier de 100m où quelques longueurs nous attendent. Nous patientons jusqu’à environ 15h pour laisser passer les grosses chaleur et prendre un peu d’ombre avant de commencer à grimper.
Cécile et Djé s’attaquent au « Pèlerin de Compostelle », 90m, 6a max, suivis par Phil et Hélène.
Je pars avec Sandra et Gautier dans « Malkuth, la terre », 90m; 5c+ max tandis que Seb organise 2 cordées avec les restants dans la très classique « Le maître de la danse », 90m, 5b max.
Djé aura été le maître du timing et sortira encore en premier au sommet avec Cécile. Notre cordée arrive juste après et on savoure les styles différents dans le réta sommital : ventre, fesse, dièdre… Tout y passe ! La dernière cordée atteint le sommet et il ne reste plus qu’à redescendre à pied à la voiture après une belle et longue seconde journée.
C’est avec beaucoup d’éloges qu’est apprécié le traditionnel colombo antillais de Jean-Luc en guise de repas du soir. Sandra qui avait apporté quelques jeux nous fait découvrir un jeu de cartes à base de vaches et de mouches. Ça rigole bien, ambiance et moral au beau fixe. Ça tombe bien car la journée du lendemain s’annonce plus coriace.
Jour 3 : le Quiquillon
Le troisième jour est le jour où on s’attaque au Quiquillon, falaise emblématique d’Orpierre, avec ses voies un peu plus longues et plus soutenues. Nous avions fait la répartition des cordées la veille et gardé le même horaire. Mais cette fois, lorsque nous arrivons au pied des voies, c’est très compliqué. J’avais choisi la classique Brazil avec Jean, Jean-Luc et Hélène mais il y a trop de monde dans la voie et celles avoisinantes du même niveau. Mais il reste de libre « la princesse des astres », 160m, 6b max alors nous décidons de nous y atteler. Je pars en tête dans les premières longueurs afin de gagner un peu de temps.
Dans le même temps, Seb qui devait partir avec pas mal de monde dans « le dièdre sud », voie isolée à l’extrême gauche du secteur, se voit contraint de changer également de voie et de se rabattre sur « Le voyage », 170m, 6a+ max, juste à côté de Cécile et Djé dans « la terreur du chien fou », 150m, 6b max.
De mon côté, ça se passe très bien. On zigzague entre les autres cordées sans jamais que ça nous gêne. Jean galère un peu avec l’itinéraire lorsqu’il passe devant mais s’en sort honorablement. Je m’enquille le fameux 6b déversant et aide tout le monde à passer avant que Jean termine la voie en tête. Nous sommes les premiers à sortir et si nous n’avons pas eu froid, la chaleur n’était pas insurmontable. Je laisse mes trois camarades de cordée aller chercher un coin à l’ombre pour le pique-nique pendant que je me déplace vers la sortie des voies des autres cordées. Cécile et Djé arrivent justement, après un bon combat visiblement. Les autres ne sont pas très loin dessous mais ça bouchonne dans la fin commune à 2 voies. Gautier sort en premier et je me place à l’assurage. Il a l’air épuisé, mais ce n’est rien comparé à tous les autres. Ça a été dur ! Mais tous ont le sourire. Finalement, Laura est la dernière à sortir et tout ce beau monde se rejoint sous un petit coin d’ombre sur la marche retour.
Tout le monde est crevé, sauf Jean qui veut encore grimper. Comme on passe devant, je lui propose de retourner à l’Ascle et faire la voie que j’avais faite la veille. On laisse les autres retourner au camping pendant que nous continuons nos ascensions avant un bon retour à pattes. Inépuisable ce Jean ! Pendant ce temps, la plupart profitent d’un repos bien mérité tandis que les plus courageux vont testé la fraîcheur de la rivière et Cécile et Seb partent faire un peu de couenne au secteur ombragé du Château.
Dernier soir au camping, on s’organise de nouveau pour le lendemain où on décide de partir encore plus tôt, histoire d’arriver avant tout le monde et de ne pas finir la journée trop tard avant le retour à Cagnes. Lever 6h, départ 7h, Sandra décide de souffler et de rester au camp pour organiser le repas de midi et commencer le rangement, ça nous aura bien rendu service !
Jour 4 : les classiques
En ce dernier jour, nous sommes presque les premiers devant les voies. Seule la voie de « la grotte » est prise et nous demande une petite réorganisation.
Je prends le gros des troupes avec moi cette fois, étant en cordée avec Xav et Cécile dans « la jungle en folie », 170m, 6a+ max, suivis par Jean, Sandrine et Djé. A côté de nous Phil, Hélène et Jean-Luc s’engagent dans « Brazil », 170m, 6a max.
Seb part avec Gautier et Laura dans ce que j’avais fait la veille : « la princesse des astres ».
Les stagiaires sont fatigués et ce sont souvent les plus expérimentés qui gardent la tête dans les cordées. Ça nous permet aussi d’avancer assez vite et comme j’étais dans le coin la veille, j’ai pu repérer un peu les relais et les itinéraires un peu paumatoires parfois. Comme on est tous proches, c’est assez fun. On s’entraide, on se guide, ça fonctionne bien. Nous sortons tous plus ou moins en même temps au sommet peu après midi. Les visages sont épuisés, mais les sourires radieux. Nous avons grimpé de très belles voies et la réputation d’Orpierre n’est pas usurpée. Nous retournons au camping pour rejoindre Sandra qui, en fée du logis, a travaillé fort. Reste à plier le barnum et organiser le matos dans les voitures. Il est 14h quand nous décollons pour un retour à la vraie vie !
Bilan :
Ce fut un très beau séjour avec un groupe vraiment sympa et une très bonne ambiance. Les difficultés étaient là, surtout le 3ème jour, mais ont été surmontées avec brio. Nous avons pu grimper de très belles voies et l’équipement au top a bien aidé à rester détendu. Seul petit bémol, le camping très moyen. Mais bon, on ne peut pas tout avoir !
Merci aux participants, aux photographes de l’extrême, à Cécile pour l’organisation et rendez-vous l’an prochain pour de nouvelles aventures !